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Elina
 
 

Elina est née le 4 septembre 2006 à 28 Sa, elle pesait 570 g.

"Prématurité...

C'est à peine si je savais ce que sous-entendait ce mot... Pourtant, en ce 4 Septembre 2006, je n'oublierai jamais le verdict, franc, impitoyable : "retard de croissance in utero ! Votre fille est condamnée si on ne la sort pas...". Le monitoring confirme l'urgence, Elina est en souffrance fœtale et peut décéder à chaque instant.

C'est l'effondrement, parents, amis, tous sont consternés, on essaie de se rassurer en se disant qu'on pourra gagner quelques semaines mais le lendemain, ma crevette minuscule naît, ébranlant à jamais les consciences, renversant tout ce qu'on avait projeté pour elle. Je n'ai même pas atteint les 28 SA.

Pourtant, son papa et moi-même avions tout fait pour que cela se passe bien : arrêt du sport de suite pour moi, pas de charges lourdes et une alimentation stricte, mais c'est un phénomène vicieux qui a frappé, et qui a failli coûter la vie à mon minuscule bébé. Peu d'échanges entre ma fille et moi, le placenta ne joue pas son rôle et a déjà commencé à condamner mon bébé chétif, qui livre un combat sourd et mortel contre un ennemi que sa propre mère a généré.

570 grammes, 29 cm, voila la réalité ; mais quand son papa est venu s'y confronter, tenu à l'écart par cette maisonnette de plastique qui garantissait la chaleur maternelle à notre fille, il a tenu bon, courageusement, et en glissant son doigt à l'intérieur du monde d'Elina, elle le lui a attrapé, ne sentant pas la goutte d'eau qui venait de s'échapper de l'œil de son père...

570 grammes, c'est le bébé le plus petit du service, voire le plus petit que cet hôpital ait jamais reçu. On nous encourage, "elle est tonique, elle a un très bon score d'Apgar", et petit à petit, son papa et moi nous familiarisons aux bruits qui hantent son quotidien. 3 jours après sa naissance, c'est l'arrêt cardiaque, tout bascule, elle le fait sous nos yeux ; les chiffres du moniteur sont éloquents, le zéro s'affiche, pourtant son père et moi n'y croyons pas, notre fille vivra, elle ne peut pas s'en aller.

Début Octobre, c'est la délivrance, le service de néonatologie nous attend, Elina est tirée d'affaire, son combat, doublé du notre, est gagné. Larmes dans la famille, tension à son comble de mon côté car quand il faut tenir un mois sans verser une

larme pour que son bébé sente la force le sublimer, ce sont des flots qui se déversent par la suite.

2 mois dans ce service plus léger, et la sortie se précise, le 4 Décembre, 3 mois jour pour jour après notre arrivée en catastrophe.

Aujourd'hui, de toute cette histoire, il me reste une amertume, celle d'avoir échoué dans mon rôle de femme enceinte, on m'a amputé de 3 mois de grossesse, ça, je ne pense pas pouvoir l'oublier.

Aujourd'hui, de toute cette histoire, il me reste un mari aimant et incroyable de courage et une petite fille curieuse de tout à qui nous raconterons, un jour, quand nous pourrons regarder les vidéos de ses premiers jours sur terre, son arrivée chaotique.

Aujourd'hui, j'ai envie de dire stop aux '"mais elle est en parfaite santé maintenant !...", c'est tellement facile d'effacer la douleur, mais tellement difficile à comprendre qu'être mère, c'est un processus, et quand un dysfonctionnement enraye la machine, on ne peut pas revenir en arrière et on subit...

Aujourd'hui, enfin, je m'émerveille de chaque progrès de ma fille, elle revient tellement de loin, puisse son parcours réconforter les mamans de prématurissimes, qui, en ce moment même, pleurent un avenir qu'elles pensent compromis.

Ne baissez pas les bras, restez aux côtés de votre enfant, il se battra !"



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